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L'Histoire de « Sissonne »

1921 Consultation des nourrissons

L'ILLUSTRATION du samedi 23 avril 1921 n° 4077

Ce reportage du journal L'Illustration sur les nourrissons de 1921, est écrit à la sortie d'une guerre effroyable qui a creusé un grave fossé entre notre nation et la nation allemande : cela est exprimé dans le texte qui accompagne ces photos de mamans avec leurs bébés, prises sciemment devant des maisons détruites pour montrer, un peu plus, le drame qu'est une guerre.

POUR LES ENFANTS DES RUINES

La consultation des nourrissons à AmifontainePhotographie Ruet

Ces ruines, ce sont celles que la barbarie allemande a accumulées dans nos départements envahis. Ces enfants, ce sont ceux qui sont nés parmi les maisons écroulées de leur village, le plus souvent sous des abris de fortune. Ceux-là, sans doute, n'ont pas connu les souffrances de l'occupation ennemie. C'est parmi leurs aînés, aujourd'hui âgés de six à quinze ans, qu'il faut aller chercher les victimes, si l'on peut dire, directes de la guerre. Une enfance étiolée, dont la taille et le poids ne représentent, en moyenne, que 80 % de la taille et du poids normaux des intelligences en retard de deux ans au moins sur le développement qu'elles devraient avoir, pour ne rien dire d'une mortalité considérable ou des ravages de la tuberculose et du rachitisme, voilà le bilan navrant que les Allemands ont laissé après eux.

Mais le retour à l'état de paix et la libération du territoire n'ont pas, par une sorte de vertu magique, affranchi de leur misère physiologique les enfants nés postérieurement à l'armistice.
Leurs mères demeuraient débilitées par quatre années et demie de privations et d'angoisses. Les conditions matérielles de leur venue au monde étaient déplorables. Quelle plus poignante antithèse, d'ailleurs, que ces nourrissons dans ce cadre de dévastation et de mort !

A La MalmaisonPhotographie Ruet

Si le sort de ces sans foyer a pu être allégé, c'est grâce à une entreprise généreuse : le « Comité d'assistance des régions libérées ». On se rappelle comment, pendant la guerre, l'œuvre du ravitaillement de la Belgique et de la France du Nord, organisée en Amérique par M. Hoover et M. Poland, permit aux populations civiles soumises au joug des Allemands de subsister et d'attendre le jour de la délivrance. Malgré son caractère philanthropique cette œuvre a réalisé plusieurs millions de bénéfices. Elle n'a pas voulu les garder pour elle et elle les a mis à la disposition de M. Labbé qui, pendant toute la guerre, dirigeait à Lille le ravitaillement de la France du Nord. Telle est l'origine du « Comité d'assistance ».
Dès le lendemain de l'armistice, il s'est mis à distribuer des secours, à fonder des colonies scolaires, des dispensaires, etc...

Mais bientôt il s'est spécialisé dans la tâche qui lui parut la plus urgente : celle des consultations de nourrissons. Avec le concours des municipalités et des dames de la Croix-Rouge, des pouponnières furent organisées sur toute l'étendue du territoire libéré. Il y en a aujourd'hui plus de 500. Tous les quinze jours les mères y amènent leurs enfants âgés de moins de dix-huit mois; On leur donne des conseils d'hygiène et d'alimentation, des médicaments, des vêtements et pour stimuler leur régularité une prime mensuelle de dix francs.

A Sissonne : Les bébés groupés pour la consultation médicale de chaque quinzainePhotographie Ruet
Depuis leur institution, ces consultations n'ont fait que prospérer. Au 1er mars 1921, elles comptaient plus de 40.000 nourrissons et leur action bienfaisante ne cesse de s'étendre. Les médecins apportent un zèle admirable. Aussi les résultats ne se sont-ils pas fait attendre. La mortalité infantile a diminué de 50 %. Des habitudes d'hygiène se sont introduites dans les foyers les plus pauvres et les plus dénués.


Mais les millions laissés par le Comité Hoover ne sont pas, inépuisables. Les consultations des nourrissons absorbent 500.000 francs par mois. Lorsque les crédits seront épuisés, qui continuera ce sauvetage indispensable de la race française ?

La consultation des nourrissonsPhoto F. Lefèvre
La consultation des nourrissonsPhoto F. Lefèvre

Ces photos prises peu après l'armistice de 1918 sont ce que l'on pourrait appeler un «cliché». Prises devant une maison en ruine, au mépris du danger, elle s'accompagnent d'un texte "misérabiliste et caricatural".


La continuité

C'est grâce à des individualités comme le docteur FROEHLICHER que l'action engagée par le Comité d'assistance des régions libérées a pu être poursuivie.
Dès 1921, sera construite à Sissonne une maternité qui permettra d'assurer les meilleures conditions pour les naissances et le suivi régulier de la consultation des nourrissons.

Voir l'histoire de la Maternité de Sissonne


Copyright ©L'Illustration

Recherches : J F Martin

Photos Ruet ou F. Lefèvre - Sissonne

Mise en page : P.H.


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