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Les personnalités remarquées par « Adémir »

Paul Abel Callay et l'archéologie

Les fouilles archéologiques de Nizy-le-Comte

La Société Archéologique de Laon est fondée en 1850.

1851
Premières fouilles à Nizy-le-Comte sur les emplacements du Clair-Puits et de la Justice. Elles se poursuivront jusqu'en 1855.
Paul Abel Callay est affecté à Nizy de 1851 à 1855, en pleine période des «fouilles Napoléoniennes». Il supervise les "sondages" effectués par les cantonniers dans le village et en périphérie de Nizy-le-Comte et rédige des comptes-rendus qui seront repris et synthétisés par Edouard FLEURY.
Ces fouilles seront publiées dans l'un des quatre tomes de « Antiquités et monuments du département de l'Aisne » par Edouard FLEURY.
09 mars 1851 :
M. DARAS informe la Société que l'on vient de découvrir à Nizy-le-Comte une inscription gallo-romaine.
C'est cette inscription qui, trouvée par M. CALLAY, instituteur à Nizy-le-Comte, à la fin de 1850 et sur le bord de la route départementale qui recouvre une ancienne voie romaine, mit sur la trace de l'ancienne ville de Ninitacci mentionnée par les itinéraires. Alors commencèrent les fouilles dont les précieux résultats enrichirent le musée de Laon.
Cette pierre, destinée à la société de Laon qui l'avait décrite, fut achetée par un membre de la Société de Soissons et se trouve maintenant dans le musée de cette ville où elle fut estampée par M. CHRETIN, architecte-mosaïste, qui en a fait le fac-similé qu'on voit sous la grande mosaïque de Blanzy.

Original de la pierre votive découverte(Phot. D.Roussel, Conservateur du Musée de Soissons )
04 mai 1851 :
« L'un de nous s'est rendu à Nizy-le-Comte, et s'est occupé d'un examen préalable de la pierre votive. Les recherches… ont pu être dirigées, grâce à l'obligation et au zèle éclairé de MM. GUERIN, propriétaire et CALLAIS, instituteur de la commune. »

20 mai 1852 :
Compte-rendu de la Société Académique de Laon.
« Les paysans oublièrent. Aucun homme de savoir et d'étude ne leur apprit quelles richesses ils foulaient aux pieds ; d'ailleurs une mode intelligente et salutaire n'était point encore aux travaux de l'archéologie, et il fallut, pour que les richesses de Nizy-le-Comte aient été découvertes, qu'un simple instituteur, tout jeune homme, mais plein de sang-froid et de bonne volonté, changeât de résidence, et qu'une société se fondât à Laon ; celui-ci et celle-là débutèrent par un coup de maître.
Dans la troisième séance de 1851, et la société étant à peine installée, l'un de ses membres, M. ROUIT, vint annoncer qu'un de ses anciens élèves de l'école normale lui avait envoyé la copie sous forme de dessin d'une pierre votive portant une inscription latine… »
Ce texte fait référence à Abel et à la découverte de la pierre votive.

Toujours dans le même compte-rendu du 20 mai 1852 :
Le 13 novembre 1851
« M. CALLAY, cet instituteur dont nous avons parlé déjà et dont on ne saurait trop louer le zèle et l'intelligence annonça à M. ROUIT qu'on venait de découvrir sur le terroir de Nizy, au lieu-dit le Clair-Puits, une mosaïque très curieuse et de grande dimension car elle avait 4,52 m de largeur sur 9,50 m de longueur…, dont un remarquable dessin avait été fait par M. CALLAY.
Immédiatement, la Société Académique de Laon fut prévenue … et elle paya les soins intelligents de MM. CALLAY et GUERIN en leur décernant le titre de correspondants ».

Vers la fin de mars 1852, les fouilles furent reprises (au même lieu) sous la direction de MM. GUERIN et CALLAY ».
Article signé par Edouard FLEURY.

29 novembre 1852 :
Source : Bulletin de la Société Académique de Laon 1854, page 05.
A l'ouverture de la séance, MM. Ed. Fleury et Bretagne entretiennent la Société d'un voyage qu'il s'ont récemment fait à Nizy-le-Comte pour voir où en sont les fouilles exécutées au nom de la Société, et des difficultés qui s'élèvent journellement entre deux correspondants nommés dans cette commune pour la surveillance des travaux.
La Société décide qu'un seul, correspondant présidera aux fouilles, à l'avenir, et que ce correspondant sera M. Callay, cet instituteur si intelligent et qui s'est dévoué à ces travaux avec un dévouement et un désintéressement que la Société ne peut trop louer.


Voici la lettre que lui a écrite M. le vice-président.
Cette lettre, posant des droits de propriété qui ont pu être niés, a besoin d'être consignée ici comme manifestation faite au nom de la Société :

A M. Callay, instituteur à Nizy-le-Comte.
Monsieur,
« La Société académique de Laon a résolu de réunir en cette ville tous les produits des fouilles qu'elle fait faire à Nizy-le-Comte. Il lui importe donc avant tout de bien établir la propriété de ces objets, afin que le correspondant qu'elle va charger de ses intérêts et de la représenter, ne puisse jamais souffrir de difficultés dans la mission importante qu'elle lui confie. Le propriétaire du principal terrain à fouiller a fait, en faveur de notre Société, l'abandon complet de tous ses droits sur ce qui dort en ce moment dans sa terre. Le fermier, M. Froment, a autorisé à chercher dans le sol qu'elle détente. Enfin, c'est avec les fonds à elle accordés par l'Etat, que la Société de Laon poursuit les fouilles faites et à faire. II est donc incontestable que tout ce qu'elles rendront appartenant exclusivement à cette Société au nom de laquelle j'ai l'honneur de vous écrire aujourd'hui, personne ne peut en disposer si ce n'est elle seule.
Il est nécessaire que tous ces objets, même les plus minimes, soient précieusement conservés entre les mains des particuliers, car isolés, ils n'ont aucune valeur, et peuvent être perdus pour la science; au contraire, réunis, ils devront concourir à former un ensemble, se compléter les uns par les autres et servir à éterniser la mémoire de la grande et belle civilisation qui a honoré autrefois le pays intéressant où est maintenant bâti Nizy-le-Comte.
Pour arriver à centraliser tous ces précieux débris, la Société a pensé qu'elle devait éviter la division de ses pouvoirs pour ne les confier qu'à une seule personne.
Le zèle et l'intelligence dont vous avez fait preuve jusqu'à ce jour, et aussi votre position auprès de l'administration municipale, ont décidé la Société à vous nommer seul pour surveiller les fouilles, rassembler ce qui en sortira et surtout n'en rien laisser égarer Elle vous prie, par mon intermédiaire, de vouloir bien accepter cette mission.
Vous aurez donc seul à diriger les travaux, mais sur les indications qui vous seront données à prendre et payer les ouvriers ; à les surveiller ; à empêcher que rien de ce qui sortira de terre ne soit égaré et surtout remis et donné à d'autres que vous; à réunir entre vos mains tous les petits débris qui seront soigneusement et périodiquement envoyés par vous au secrétaire de la Société,
M. Edouard FLEURY enfin a garder à la mairie les objets encombrants dont la Société disposera plus tard.
M. le curé de La Selve vient d'être nommé correspondant. Ses connaissances et son amour de la science et du pays qu'il habite, lui permettront sans doute de vous aider dans cette conservation intelligente en vue de laquelle M. l'adjoint GOUT pourra probablement vous laisser l'usage du local où déjà vous avez réuni avec raison tout ce qui ne peut en ce moment être porté à Laon. Veuillez nous dire si vous acceptez la mission que notre Société remet expressément entre vos mains, et pour l'exécution de laquelle elle vous devra toute sa reconnaissance.
Agréez, etc.”
Signé DUCHANGE, vice -Président.
Laon, le 25 novembre 1852.

17 février 1853 :
Les fouilles s'orientent sur le sommet de la colline de la Justice suite à la visite de 3 représentants de la S.A.L. « M. CALLAY, l'intelligent instituteur auquel doit tant notre société, reçut l'ordre de continuer les travaux si heureusement inaugurés… ».
Article signé par Edouard FLEURY.
La fouille amène la découverte d'un énorme bâtiment, de 55 x 70 mètres, ayant servi hélas de carrière en 1837-1838 pour la construction de la route départementale, selon la mémoire du cantonnier.

29 avril 1857 :
Abel adresse à M. LAISNE, Conseiller Général, maire de Sissone et correspondant de la Société Académique de Laon, un compte-rendu d'au moins 18 pages. Il s'agit d'un catalogue de dessins accompagnés de textes des différentes découvertes faites sur le site de Nizy-le-Comte.
La précision des dessins et des textes démontrent bien qu'Abel était très impliqué dans ces découvertes.
Jeune instituteur débutant sa carrière et originaire d'une famille modeste, Abel ne dispose pas de grands moyens financiers. Tous les documents qu'il aura rédigés alimenteront les publications de la Société de Laon et ensuite Edouard FLEURY.

Voici quelques-une des plus belles pages de ce catalogue.

La couverture
La page de garde


Inscriptions de l'Eglise de Nizy

A Monsieur

LAISNE

Ancien Capitaine du Génie, Directeur au Ministère de l'Intérieur,

Commandeur de l'Ordre Impérial de la Légion d'honneur,

Membre du Conseil général de l'Aisne,

Membre correspondant de la société académique de Laon

Maire de Sissonne.




On remarquera au bas de la page de garde, l'étiquette apposée par J.L. Laisné sur les documents qu'il archive dans sa bibliothèque. Ce document se trouve actuellement aux archives départementales de l'Aisne.

 

Consulter ou télécharger le catalogue complet pour plus de précision.

Les fouilles archéologiques de Sissonne

Novembre 1871 :
Découvertes à Bel-Air de sépultures et de stèles gallo-romaines. Réf : page 45/tome 2 du Fleury.

Extrait de la monographie de Sissonne rédigée par Paul Abel Callay :

Une voie romaine, allant de Nizy au Camp de César (Ninittaci à Bibrax ?), traverse le terroir de Sissonne, au midi. On l'appelle le chemin de Berrieux.

Une voie gauloise ou romaine, d'après M. Amédée Piette, allait de Nizy à Laon, par Sissonne en longeant la forêt de Samoussy. Je crois qu'on aperçoit encore deux tronçons de cette voie, l'un, le "chemin du Thour", arrive près de Nizy, en s'embranchant avec la voie de Nizy à Bibrax ; l'autre, à l'ouest de Sissonne, se sépare de la route actuelle au dessous de Pagneux. Ces deux tronçons sont dans le prolongement l'un et l'autre et dans l'alignement de la rive méridionale de la forêt de Samoussy. Ce sont deux chemins larges et gazonnés. La droite qui les relierait traverserait le Parc de Sissonne et passerait non loin du château. M. Laisné, propriétaire du Parc, croit avoir retrouvé dans les taillis les traces de cette voie, qui aurait été recouverte plus tard par suite de l'agrandissement de cette propriété vers le nord. Si ces conjectures sont fondées, elles expliqueraient pourquoi on a trouvé, en 1854, non loin du tracé probable de cette voie, des vestiges très intéressants d'habitations gallo-romaines, à l'ouest du Parc.

En 1853, on a trouvé à la Croupe-Mansion sur les bords de la voie romaine de Nizy au Camp de César, de larges tuiles à rebords, et des enduits peints, tels que ceux que l'on découvrait à "Clairpuits" (Nizy) à la même époque.

En 1871, sous une couche tourbeuse, profonde d'un mètre, on a découvert à 500 mètres au nord de Sissonne, des cippes mortuaires et des vases funéraires en terre et en verre, reposant sur un sol calcaire.
Ces pierres offrent en relief des personnages, vêtus d'une sorte de manteau, et tenant de la main droite un vase ou une bourse.
Elles sont identiques à celles de Nizy-le-Comte, dont une à 3 personnages se trouve dans la cour du Musée de Laon (voir Bull. de la Soc. acad. de Laon, tome II & XXI).

Il existe un ancien cimetière gallo-romain, près des fermes de Geoffrécourt, qui dépendent de Sissonne : on y a trouvé souvent des cercueils de pierre.
Il en existe un second, au "Mont de Pagneux", à l'ouest de Sissonne. Dans celui-ci aucune trace de cercueil  ; les squelettes reposaient sur le sol la tête sur un grès brut.
Le premier de ces cimetières se trouve contigu à la voie romaine de Nizy au Camp de Saint-Thomas ; le second le serait à la voie de Sissonne à Laon. Tous deux se trouvent sur la pente d'une colline regardant le Nord.
Quand on se place au sommet de la colline qui renferme ce second cimetière, et que l'on jette les yeux à l'ouest, on domine une vallée marécageuse qui termine de ce côté le marais de la Souche.
Cette vallée, longue de 2 km, est resserrée entre un bois et ce chemin gazonné qui se dirige de Sissonne vers la forêt de Samoussy et Laon.

Il existe dans cette vallée, recouverte par une mince couche de terre, des substructionsVestiges de caractère immobilier considérables, formant des murs interminables et d'innombrables enceintes d'habitations. Les casseurs de grés les détruisent lentement ; mais comme ils ne suivent que les fondations et ne déblaient jamais l'intérieur des habitations, il n'a été trouvé jusqu'ici rien qui indique à quelle époque remontent ces constructions.
Il est évident, qu'à une date reculée, cette vallée était habitée par une nombreuse population, qui se sera trouvée obligée d'émigrer quand par suite d'une obstruction du cours inférieur de la Souche, les eaux ont reflué dans ce thalweg.

 


Source : Jean-François Martin

Rédaction - Mise en page : P.H.


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